Ah, la page de garde du cahier d'écrivain. Ce grand espace blanc... rempli de possibilités ! Ou de stress. On va pas se mentir.
C'est quoi le but, en fait ? Faire joli ? Afficher ses ambitions littéraires ? Impressionner le libraire imaginaire qui va forcément lire ton cahier après ta mort glorieuse et prématurée ? (On y croit tous un peu, hein ?)
Moi, j'ai un aveu à faire. Un aveu qui risque de me faire bannir à jamais du cercle très select des écrivains qui savent. Prêts ?
Je déteste les pages de garde trop élaborées.
"Oh non, elle a dit ça !"
Oui, je l'ai dit. Et je l'assume. Une page de garde surchargée, c'est comme arriver à une soirée costumée déguisé en montgolfière. C'est... beaucoup. Trop.
Je comprends l'envie de mettre une citation inspirante de Victor Hugo. Ou un dessin de chat philosophe tenant un stylo. Vraiment. Mais souvent, ça fait "je me prends trop au sérieux". Et ça, dans l'écriture, c'est le péché capital, non ? (Après la procrastination, évidemment.)
Imagine. Tu as ton beau cahier Moleskine (oui, je sais, cliché). Tu passes deux heures à calligraphier une phrase de Madame Bovary sur la première page. Superbe !
Et ensuite ?
Ensuite, tu bloques. La pression ! Comment oser écrire un truc médiocre après avoir mis tant d'efforts dans la page de garde ? C'est un peu comme mettre une nappe en dentelle sous son bol de céréales. Ça ne matche pas.
Mon opinion, peut-être impopulaire, est que la page de garde devrait être... simple. Minimaliste. Presque inexistante.
Un titre, peut-être. "Idées à la pelle", "Chroniques d'une procrastinatrice", "Les divagations de Sophie"… Un truc léger. Qui te rappelle que ce cahier, c'est ton espace de jeu. Ton bac à sable littéraire.
"Un cahier d'écrivain doit être un lieu de liberté, pas un autel à la gloire de Proust." (Moi. Je viens de le dire.)
Et si vraiment, vraiment, tu as besoin d'une décoration ? Un petit gribouillage dans un coin. Un timbre décollé. Une tache de café (accident heureux !). Un truc qui a du vécu. Qui raconte déjà une histoire.
Parce que, soyons honnêtes, le plus important, c'est ce qu'il y a après la page de garde. Les mots. Les idées. Les ratures. Les moments de grâce. Les moments de "c'est nul, je jette tout". Tout ça, c'est ça, la vraie beauté d'un cahier d'écrivain.
Alors, la prochaine fois que tu ouvriras ton cahier, respire. Souris. Et écris. La page de garde s'en remettra.
Et si tu veux vraiment faire une page de garde magnifique, fais-la à la fin. Quand le cahier sera rempli d'histoires. Elle aura beaucoup plus de sens.
Et puis, franchement, qui lit les pages de garde, à part toi ?