Ah, la page de garde de notre cahier d'anglais! C'est un peu comme la première impression qu'on a de quelqu'un. Tu vois, celle qui décide si on va se lancer dans une discussion passionnante ou si on va simuler un appel urgent pour s'échapper discrètement. C’est le "Hello!" visuel avant même qu'on ait ouvert le bouquin.
En gros, la page de garde, c'est le CV de ton cahier. Elle doit te donner envie de l'ouvrir, de plonger dans le monde merveilleux (ou pas, soyons honnêtes) de Shakespeare et des verbes irréguliers. C'est un peu comme la vitrine d'une pâtisserie: si elle est bien faite, tu es obligé d'entrer et de craquer pour un éclair au chocolat, même si tu es au régime.
Je me souviens, au collège, ma page de garde était un vrai champ de bataille créatif. Entre les tentatives ratées de calligraphie "English" façon Disney (qui finissaient invariablement en pâté d'encre immonde) et les gribouillis douteux de drapeaux britanniques (ressemblant plus à des nappes de pique-nique mal repassées), c'était un véritable désastre esthétique. Mais bon, c'était ma page de garde, et elle racontait mon histoire d'amour compliquée avec la langue de Shakespeare. (Bon, surtout une histoire de "j'essaie de ne pas avoir un zéro").
Parfois, on se laissait aller à des délires artistiques. Des portraits approximatifs de nos profs (toujours avec un sourire exagéré et une expression de gentillesse forcée, hein, pour s'assurer une bonne note!), des citations pseudo-philosophiques trouvées sur internet (du genre "To be or not to be, that is the question...and the answer is definitely yes!"), ou même des collages improbables de photos de nos idoles (genre le groupe de rock du moment à côté d'une image de Big Ben. Pourquoi ? Aucune idée!). C’était l'équivalent d'un tableau d'inspiration avant que Pinterest n'existe.
Aujourd'hui, je repense à ces pages de garde avec une certaine nostalgie. C'était une époque où on prenait le temps de customiser nos affaires, de leur donner une touche personnelle. C'était l'occasion de laisser libre cours à notre créativité, même si le résultat n'était pas toujours digne d'un musée. C'était aussi un moyen de s'approprier une matière qui, avouons-le, pouvait parfois sembler un peu austère. Le cahier d'anglais devenait soudainement un peu plus "cool".
Mais, au fait, pourquoi décorer cette page?
Est-ce que ça nous aidait vraiment à mieux apprendre l'anglais ? Probablement pas. Est-ce que ça rendait les cours plus intéressants ? Peut-être. Est-ce que ça nous permettait de nous exprimer et de nous amuser un peu ? Absolument. Et c'est ça, au fond, l'important. La page de garde, c'était un peu comme un terrain de jeu visuel, un espace de liberté où on pouvait s'affranchir des règles (tant qu'on n'oubliait pas d'écrire "English - Nom - Classe" en haut!).
Alors, la prochaine fois que tu vois un vieux cahier avec une page de garde bariolée, ne te moque pas! Dis-toi simplement que derrière ces dessins maladroits et ces couleurs criardes, il y a une histoire, une personnalité, un petit bout de l'âme de quelqu'un qui a essayé, à sa manière, de dompter la langue de Shakespeare. Ou, au moins, de ne pas trop s'ennuyer en cours.
Et puis, soyons honnêtes, une belle page de garde, c'est quand même beaucoup plus motivant qu'une page blanche et triste, non? C’est un peu le "Get Ready!" avant de plonger dans le grand bain de la grammaire et du vocabulaire.