Ah, le "Cahier Poésie Chant Page de Garde"... Rien que le nom, ça sent le formica et le tablier à carreaux de la maîtresse, non ? C'est un peu comme la Madeleine de Proust, mais au lieu d'un goût, c'est une odeur de colle Cléopâtre et de crayons de couleur usagés qui te revient en pleine figure.
On a tous connu ça, ce fameux cahier. Que ce soit en primaire, au collège, ou même, soyons fous, au lycée (si, si, il y en a qui continuaient à gribouiller des poèmes en cachette derrière leur manuel de maths), il était là. Le gardien de nos rimes maladroites, de nos refrains pompés sur Dorothée et, surtout, de nos chefs-d'œuvre artistiques sur la page de garde.
La Poésie : Quand les Vers Rimaient avec… Euh… Rien du Tout ?
La poésie, c'était un peu l'équivalent littéraire de se forcer à manger des épinards. On savait que c'était "bien" pour nous, mais on préférait largement les frites (les chansons de Patrick Bruel, quoi). Les poèmes obligatoires en classe ? Souvent des trucs hyper longs sur la nature, écrits par des mecs qui n'avaient probablement jamais mis les pieds ailleurs que dans un salon bourgeois. Résultat : on bâclait la récitation, et on espérait que la prof n'allait pas trop nous gronder.
Et nos propres poèmes, alors ? Là, c'était la liberté totale ! Enfin, presque. Parce qu'il fallait quand même que ça rime, et que ça parle de quelque chose. Souvent, le "quelque chose" en question, c'était l'amour (idéalisé, évidemment, on avait 10 ans !) ou notre chat (qui méritait bien un sonnet, avouons-le).
Le Chant : Des Tubes de l'Été Répétés à Tue-Tête
Le chant, c'était l'occasion de se prendre pour une star. Bon, ok, on chantait faux, on connaissait à peine les paroles, et notre prof de musique avait l'air de souffrir à chaque fois qu'on ouvrait la bouche... Mais qu'importe ! On y mettait tout notre cœur. Surtout quand on chantait les chansons du moment, celles qu'on entendait à la radio, celles qu'on connaissait par cœur parce qu'on les avait écoutées en boucle sur notre Walkman.
Et les chorales ? Ah, les chorales... C'était un peu comme un cours de yoga vocal. Des exercices de respiration bizarres, des vocalises qui ressemblaient plus à des cris d'animaux qu'à de la musique, et des costumes ridicules qui nous donnaient l'air de petits pingouins perdus. Mais au fond, on aimait bien. Surtout quand on avait un solo (même si c'était juste pour chanter une seule phrase, on se sentait comme Freddie Mercury).
La Page de Garde : Un Champ de Bataille Créatif (et Souvent Raté)
La page de garde, c'était là où la magie opérait (ou pas, soyons honnêtes). C'était le moment de laisser libre cours à notre imagination, de décorer notre cahier avec des dessins, des autocollants, des paillettes (attention à la colle qui bave !). C'était aussi le moment de montrer à tout le monde qu'on était "trop cool" en dessinant des personnages de manga, des logos de groupes de rock, ou, pour les plus romantiques, des cœurs transpercés de flèches (signe d'une future grande désillusion amoureuse, généralement).
On passait des heures à peaufiner cette page de garde. On voulait qu'elle soit parfaite, qu'elle reflète notre personnalité. Mais souvent, le résultat était un peu... chaotique. Des couleurs qui ne s'accordaient pas, des dessins disproportionnés, des messages illisibles... Mais peu importe ! C'était notre bazar, et on l'assumait pleinement.
Alors, la prochaine fois que vous croiserez un "Cahier Poésie Chant Page de Garde", ayez une pensée émue pour tous ces souvenirs d'enfance. Pour ces moments de créativité (parfois maladroite), pour ces rêves de gloire musicale, et pour ces poèmes d'amour écrits à l'encre bleue et parfumés à la fraise.